Sauver des vies !

De la sécurité routière à la sécurité sanitaire, le gouvernement applique les mêmes méthodes : mise en scène permanente de la mortalité par la publication récurrente de chiffres et de courbes, culpabilisation des citoyens, discours infantilisants, énoncé de mesures de coercitions assorties de menaces d’amendes forfaitaires automatisées et communication à l’émotion, en mode anxiogène… Si les résultats annoncés se font attendre, c’est toujours de la faute de la population et si le compteur quotidien de chiffres mortifères s’infléchit légèrement, c’est grâce aux mesures prises par le gouvernement qui fait preuve de « courage, de responsabilité et de détermination »… jour après jour.

« Sauver des vies »… quel salaud pourrait s’opposer à cette noble intention ?
Confiner la population pour « sauver des vies », imposer un couvre-feu pour « sauver des vies », faire voter une énième prolongation de l’état d’urgence pour « sauver des vies »…
Quand même, on en a de la chance, d’être autant protégés, maternés, surveillés, admonestés, réprimandés (bin oui, y’a des « mauvais élèves »).

Vous râlez, vous ne supportez plus cette ambiance anxiogène à n’en plus finir, ces menaces de contrôles, ces promesses de verbalisations à 135 € ? Vous n’en pouvez plus de cette litanie quotidienne de chiffres de mortalité, de cas dépistés, de personnes admises en réanimation ? Mais tout ça, c’est pour sau-ver-des-vies ! Vous êtes contre sauver des vies, vous ? La vôtre, celle de vos proches, de vos amis, de vos parents âgés ? Alors vous êtes un irresponsable, un égoïste, un abruti, un trumpiste, un facho, un terroriste ou pire, un anarchiste !
Il paraît qu’on ne peut pas faire autrement : on ne cesse de nous rabâcher que sans contrainte, les gens font n’importe quoi : ils sont indisciplinés, ils sont partis en vacances, ils font la fête, ils vont au restau, au bistrot… Allez bosser, prenez le métro, obéissez, mais pour le reste, terminé ! Fini, les balades dans les bois, les promenades à moto, les flâneries dans les librairies, le cinéma, le théâtre, les concerts… vous pouvez vous aérez, mais seul et pas à plus d’un kilomètre du domicile et n’oubliez pas votre billet de sortie, cette attestation de déplacement dérogatoire, sinon gare à la prune : 135 € ! Déjà que les bisous, les poignées de mains, la tendresse, une bonne part de ce qui fait notre humanité, tout ça est depuis des mois verrouillé derrière les « gestes barrières »… et oui, faut « sauver des vies » !

Nos responsables politiques, eux, ils sont sérieux et heureusement qu’ils sont là ! Ils ne mentent pas, ils ont tout prévu, ils appliquent le principe de précaution, ils sont RES-PON-SABLES !
Vous contestez encore ? Crac, dans tous les médias, on vous recolle une bonne dose de soignants débordés, de services d’urgence saturés, les experts et les toubibs se succèdent sur les plateaux télé !
C’est l’émotion à la place de la réflexion, la peur du gendarme et ce virus assimilé à une espèce de nouveau croquemitaine des temps modernes, invisible et présent partout, rendant suspect tout le monde, à commencer par ceux qui contestent, non la réalité de l’épidémie, mais les moyens mis en œuvre censés nous en protéger… Restez chez vous, saperlipopette ! Il faut sauver des vies !

Ça ne vous rappelle rien ? Ça ne vous rappelle pas les discours de la sécurité routière ? Déployer des radars pour « sauver des vies », décréter le 80 km/h pour « sauver des vies », mettre en place des zones à circulation restreinte pour « sauver des vies », installer des ralentisseurs et des caméras pour « sauver des vies », avoir son gilet-jaune pour « sauver des vies » (pas pour manifester, hein, ça n’était pas prévu au départ, le principe de précaution ne fonctionne pas comme c’était prévu mais que voulez-vous, nous n’avons pas fait assez de « pédagogie »). Vous contestez toujours ? Allez, voyez ce reportage à l’hôpital des victimes de la route, écoutez ce témoignage de jeune homme en fauteuil roulant, de ces parents éplorés par la perte de leur enfant… Ohhhhh… Ahhhhh…

Ils nous prennent vraiment pour des imbéciles ! Notez que sur ce plan, on ne peut pas leur donner complètement tort puisque nous les avons élus et que, bon gré mal gré, nous leur obéissons.

Bref, de la sécurité routière à l’état d’urgence sanitaire, mêmes principes, même méthodes de communication, mêmes outils de surveillance et de fichage : « il faut sauver des vies ! » Pendant ce temps-là, on continue d’arroser nos cultures de pesticides, des gosses arrachent à la terre des métaux rares pour fabriquer nos batteries au lithium, les ventes de Rafales se portent très bien (la guerre, quelle aubaine, même si on nous boycotte la Vache-qui-rit), la 5G nous rendra plus connectés, plus mobiles, plus performants, mais en attendant, consommez « en ligne » et surtout, surtout… restez chez vous et taisez-vous !

7 commentaires

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  • Patrice Moreaux 2 réponses Permalien

    c’est ça, ui, faisons des regroupements, sans masque bien sûr, et tout ira bien.
    Qui signe ce papier, le BN ? Si oui, qu’est-ce qui vous prend ? Si non ,qui ?
    _Vous avez vu les appels des soignants ?
    Ces comparaisons ne sont pas de mise !

    • Marc Bertrand - Chargé de mission sécurité routière en réponse à Patrice Moreaux 1 réponse Permalien

      Bonjour Patrice,
      c’est moi, Marc Bertrand, qui a écrit ce "billet d’humeur", validé par le BN et les mandataires.
      Ce n’est pas un papier contre les mesures de prévention que nécessite l’épidémie de Covid-19, ni un article pour dénier ou minorer l’ampleur de cette épidémie : c’est un billet d’humeur qui se moque des discours infantilisants et culpabilisants que le gouvernement assène aux Français depuis le début de la crise sanitaire.
      Et ce billet d’humeur fait la comparaison entre ces discours et ceux qu’on nous rabâche également à propos de la surenchère de la sécurité routière et qui justifie, selon le gouvernement, le flicage et le fichage des citoyens traités comme des coupables potentiels.
      Ces moyens sont les mêmes : tout ce qui a été mis en œuvre en terme de surveillance et de verbalisation automatisée au nom de la sécurité routière sert aussi aujourd’hui à contrôler les comportements des gens dans l’état d’urgence sanitaire... en d’autres termes, au motif louable de "sauver des vies", la sécurité routière a également servi de laboratoire de restrictions de certaines libertés fondamentales dans une démocratie comme la nôtre. Demain, ces moyens serviront peut-être à surveiller et punir d’autres personnes pour des raisons d’opinions politiques ou philosophiques... en tout cas, ces outils sont là et les textes de loi le permettant sont là aussi, ce que dénoncent d’ailleurs régulièrement d’autres organisations citoyennes.
      Ce billet n’appelle en aucune façon à courir des risques ou en faire courir à d’autres... il invite simplement à réfléchir à ce qu’on accepte et jusqu’à quel point.
      Comme le chantait Souchon dans "Foules sentimentales", "on a soif d’idéal, il faut voir comme on nous parle".

      Tu es libre d’en penser ce que tu veux et d’exprimer ton désaccord avec cette prise de position, évidemment... en tout cas, merci de ton intervention qui vient enrichir ce débat et qui me permet de préciser l’angle de ce billet d’humeur qui ne s’oppose en aucune manière aux efforts de ceux qui luttent réellement contre le virus du Covid-19. Ce billet alerte seulement sur la dangerosité d’autres virus, ceux qui s’attaquent à la citoyenneté.
      A chacun d’en tirer ses propres conclusions.

      Bonne soirée !

    • Pire que irresponsable , égoïste, abruti, trumpiste, facho, terroriste, c’est anarchiste ! Oh comme tu y vas Marco !! Ton billet prend le partis de mettre l’éclairage sur les dérives d’un état autoritaire qui renforce un peu plus son pouvoir en infantilisant une société avec un discourt paternaliste, soit. Léo Ferré, poète anarchiste, écrivait en son temps que " le désordre c’est l’ordre moins le pouvoir" et encore, " ces lois qui t’embarrassent au point de les nier. Dans les couloirs glacés de la nuit conseillère et l’amour qui se lève à l’Université. Et qui t’envahira lorsque tu cassera les lois de l’oppression." Et cette oppression qui s’insinue et gangrène tout fonctionnement démocratique à terme nous amène immanquablement à avoir enfin un peu de ce courage qui nous fait tant défaut. C’est du moins ce qui est souhaitable, faute de quoi nous concéderons encore le peu des droits qui nous restent. Allez une petite dernière de Louise Michel( et vive la parité !) cette fois ci :" tout pouvoir est maudit"
      Rouler en moto c’est militer pour le droit à la différence mais, de nos jours, être différent c’est un crime. Nos espaces de libertés individuelles se réduisent comme peau de chagrin nous laissant entrevoir, moyennant finance, l’illusion, la sensation que nous existons. Nos vies valent-elles mieux que cela ? Il y a 40 ans au Havre nous pensions que nos vies valaient mieux que la route où le pouvoir d’alors nous proposait d’aller. Un autre chemin fut effectivement emprunté mais peut-être pas avec les bonnes machines ?
      Cordiales salutations d’un motard anarchiste..

    • moi, j’ai surtout vu les appels des soignants depuis plus d’un an qui alertent le gouvernement, bien avant l’épidémie, de la saturation des hopitaux. Ces soignants ont été largement ignorés par le gouvernement. Puis l’épidémie est arrivée, et forcément, ça a coincé. Puis le taux de contamination est redescendu "grâce" à la privation de liberté pour 67 millions de personne, excusez du peu, c’est juste unique dans l’histoire. Et 6 mois après, rebelote, parce que le gouvernement n’a ABSOLUMENT RIEN FAIT. Le nombre de lits de rea est resté le même, 5 fois inférieur à celui en Allemagne, sensiblement le même qu’en Italie (ce qui expliquerait peut-etre les résultats, non ?). Et ces mêmes bons à rien sont ceux qui donnent des injonctions au peuple, en sous-entendant que NOUS sommes responsables ? Tu es peut-être victime du syndrome de Stockholm (celui qui veut qu’une victime donne raison à son boureau, pas celui qui fait que la Suède a de meilleurs résultats que nous sans confinement...), mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Donc si tu veux faire pénitence, libre à toi.

  • Patrick Marguerettaz Permalien

    Sacré Marco,
    🎼 C’est la touche fina-a-a-le ✊.........Un très beau billet d’humeur qui nous rappèlera la qualité de ton implication dans le mouvement, ta dispo, tes conseils et le vide que tu laisseras malgré ta modestie affichée.
    Un marxiste qui n’a jamais tenu rigueur de ton dogme prolétarien archaïque ! 😂☝️

  • Bravo. Tout est dit et c’est bien dit !
    Mais comment réveiller une très large majorité de Français qui gobent tout ce qu’on leur raconte, qui sont tétanisés par une peur panique de choper le virus et qui remplissent consciencieusement leur attestation de déplacement dérogatoire par peur, sans doute, de la gestapo, de l’amende voire de la prison ?
    J’ai beau essayer de transmettre d’autres messages, rien à faire, le dieu TF1 ou le druide BFM TV a ses disciples inconditionnels ! Et le jour où on leur dira qu’il faut se les couper...ils le feront !
    Bon, je retourne au combat.

  • jean-christophe reydellet Permalien

    Ouf, je suis rassuré ! Lors du premier confinement, vous m’aviez répondu qu’il fallait bien suivre les recommandations du gouvernement, et qu’une asso responsable ne pouvait pas diffuser un autre message. Merci pour cette nouvelle et saine colère !!