Pourquoi cette mesure a-t-elle été appliquée dans des pays du Nord de l’Europe et dans les Landes ?
Les caractéristiques géographiques et humaines des pays du Nord de l’Europe accentuent les difficultés de perception. Le climat est défavorable à la visibilité ; s’y s’ajoutent une très faible densité de circulation pour la Norvège, ou un relief inexistant pour les Pays-Bas. Les Landes sont indiscutablement le département le plus favorable à l’efficacité de cette mesure, puisqu’elles cumulent de longues lignes droites, une belle absence de relief, et une luminosité très affectée par l’environnement forestier omniprésent.
L’expérience des Landes n’est pas probante
Les chiffres annoncés par le gouvernement ne prouvent rien :
Sur la période de l’étude (1999-2000), il y a une baisse du nombre de tués dans les Landes (- 17 morts). Mais c’est aussi le cas dans 56 départements et dans certains départements, la baisse est encore plus forte (Puy de Dôme, - 37 morts), alors que l’expérience n’y était pas menée.
Il n’est pas possible de déduire un effet positif de l’allumage des codes, puisque dans la même période, les points noirs du réseau routier des Landes (N10, N117, N124, N134, D28) ont été réaménagés.
Le ministre des Transports a oublié de préciser que l’INRETS souligne dans son rapport :
- "La validité des résultats sera questionnable (sic) à cause de la petite taille des échantillons" (page 7)
- "Le nombre d’accidents mortels et graves constitue des critères dont on espère tirer des critères dont on espère tirer une estimation valide, malgré des petits nombres" (p.20)
- "L’adhésion à l’opération ... est importante parmi les conducteurs landais avec ... 12%" déclarant allumer toujours leurs feux de croisement (p.4)
L’expérience dans les Landes n’avait jusqu’ici pas été jugée satisfaisante par le ministère des transports (Question au gouvernement n°49675 du 31 juillet 2000, et lettre du ministre (ref. CP/02002851 du 03/05/02) au Député Alain Vidalies :
"la disposition ... n’a pas été retenue par le Conseil, l’efficacité n’ayant pas été établie tant du point de vue de la sécurité routière que de la consommation d’énergie".
Spécificité des autres pays
L’essentiel des études ont été effectuées dans des pays scandinaves aux conditions climatiques extrêmement différentes des nôtres :
latitude septentrionale (proximité du cercle polaire),
conditions de circulation en hiver difficiles,
luminosité différente, avec en particulier un crépuscule qui peut durer plusieurs heures.
Par ailleurs, le nombre de deux roues motorisés est largement supérieur en France (plus de 1 million) comparé au Danemark (30.000), à la Suède (20.000), à la Norvège (15.000), à la Finlande (13.000)
En Hongrie et Pologne, le développement du deux-roues motorisé est marginal, en raison du niveau de vie de ces pays.
Quant à l’Italie, la recommandation d’allumage des feux de croisement ne s’applique que sur le réseau autoroutier contrôlé directement par l’Etat, donc non représentatif. Par ailleurs, l’Italie ne dispose d’aucune étude sur le sujet.
Le fait de faire référence à l’exemple canadien sur la base d’une latitude équivalente à la nôtre (45°) est irrecevable car le gulf stream (courant marin qui traverse l’Atlantique, et vient réchauffer l’Europe) en fait un pays bien différent. La pratique de la moto n’y est d’ailleurs que de quelques mois par an (mai à septembre).