CISR : vitesse et précipitation !

En réunissant un Comité Interministériel de Sécurité Routière (CISR) dans l’urgence, avant la tenue du Conseil National de Sécurité Routière (CNSR) et sans tenir compte de ses travaux, le gouvernement Philippe fait montre de précipitation et méprise ouvertement les usagers représentés tant par les associations qui travaillent de concert au sein du CNSR que par les parlementaires qui n’ont jamais été consultés sur les mesures envisagées. Encore une fois, ces mesures telles qu’annoncées seraient dans la droite ligne des politiques menées depuis des années par les gouvernements successifs : toujours plus de répression, de limitations, de restrictions, de surveillance.

En traitant les usagers de la route comme des irresponsables par ce type de mesures, le gouvernement Philippe éloignerait encore les usagers des enjeux essentiels de la sécurité routière et il créerait les conditions de l’insécurité routière.
En laissant le réseau routier se dégrader en raison des budgets en baisse constante dans les territoires et collectivités locales, le gouvernement Philippe crée les conditions de l’insécurité routière.
En libéralisant la formation des conducteurs aux plateformes internet au détriment de la formation en salle dispensée par des professionnels de l’enseignement de la conduite, le gouvernement Philippe crée les conditions de l’insécurité routière.
En laissant les lois du marché permettre toujours plus de fret routier au moindre coût, le gouvernement Philippe crée les conditions de l’insécurité routière.
En ne faisant rien pour réguler, ou mieux supprimer, les péages autoroutiers alors qu’un accès facilité au réseau le plus sûr permettrait à l’évidence de limiter l’accidentalité du réseau secondaire, et en ménageant ainsi la sécurité des plus aisés au détriment de celle des plus défavorisés, le gouvernement Philippe crée les conditions de l’insécurité routière.

Depuis 2015, la Direction de la Sécurité Routière s’est montrée incapable d’améliorer la sécurité routière en France comme le montrent l’accidentalité en hausse des usagers les plus vulnérables. En développant à outrance les contrôles automatisés (radars, vidéo, LAPI), elle n’a fait qu’exaspérer encore davantage les usagers qui de ce fait se détournent de la sécurité routière et de ses enjeux, la DSCR crée les conditions de l’insécurité routière.
La démagogie de la mesure annoncée d’abaissement de la limitation de vitesse à 80 est symptomatique : l’expérimentation bâclée du 80 sur 81 km de routes a été biaisée par des travaux et des modalités de contrôle de vitesse changées. La non-publication des résultats de l’expérimentation est une démonstration d’incompétence par laquelle le gouvernement Philippe crée les conditions de l’insécurité routière.

Pour la FFMC, qui agit depuis presque 40 ans en matière de sécurité routière, qui siège au CNSR et n’a de cesse de proposer des solutions constructives et qui permettraient l’adhésion des usagers de la route, le compte n’y est pas :
- il faut renforcer les moyens des gestionnaires publics du réseau routier, qui est un bien public.
- il faut renforcer la prévention et la formation de tous en les associant plutôt qu’en les menaçant, susciter de l’adhésion et non du rejet.
- il faut rendre le réseau autoroutier, le plus sûr, aux citoyens.
- il faut limiter en expliquant pourquoi l’usage des distracteurs de toutes sortes à bord des véhicules.
Surtout, plutôt que faire confiance aux systèmes automatisés de contrôle, répression et punition, réhabiliter le rôle de l’humain en matière de prévention. Quand on ne peut pas compter sur l’intelligence des systèmes automatiques, c’est à l’intelligence de l’humain qu’il faut faire appel.
Punir, sanctionner, réprimer, limiter, n’ont aucune influence sur les causes des accidents ! Il serait temps de rendre aux usagers la considération qu’ils méritent, en tant que citoyens, les laisser être ce qu’on leur fait croire qu’ils ne sont plus : des individus responsables, respectueux d’eux-mêmes et d’autrui, intelligents et autonomes.

Liberté, Égalité, Circulez !