Et si nous devenions tous paranoïaques !

Le choix du « tout-répressif » retenu par le Gouvernement pour instaurer plus de sécurité sur nos routes s’avère de plus en plus évident à mesure que les textes annoncés entrent en vigueur les uns après les autres.

A se demander même si l’usager jouit encore de droits. De là en effet, à ne penser qu’il n’aurait plus que celui de se déplacer, à très faible allure, les mains crispées sur le guidon (ou le volant), les épaules nouées, le regard rivé sur les bas côtés de la chaussée, une pierre au fond du ventre, prêt à piler à la moindre boîte métallique ressemblant à un contrôle sanction automatique ou au premier véhicule de type break couleur bleu ou blanc garé sur la bande d’arrêt d’urgence, il n’y a qu’un pas que la politique actuelle de sécurité routière est en train de nous aider - efficacement - à franchir !

L’objectif poursuivi semble clair : pour rouler en toute sécurité, roulons en toute paranoïa !

La récente mesure visant à confisquer le véhicule au premier excès de vitesse de 50 km/h, une peine prévue au départ pour des infractions très graves (homicides, blessures involontaires, mise en danger de la vie d’autrui, trafic de stup) ou seulement en cas de récidive (conduite alcoolique, grand excès de vitesse), témoigne, une nouvelle fois, d’une assimilation regrettable de l’usager au délinquant voire au criminel en puissance.

Cela dit, notre propos n’est pas de défendre la route comme un terrain de jeu, une piste ou un circuit.

Mais seulement de rappeler que la responsabilisation au guidon ou au volant passe par des règles qui s’ajustent tant aux caractéristiques techniques des véhicules qu’à l’expérience des conducteurs, tant à la configuration du réseau routier qu’aux conditions météorologiques ou de trafic.

L’expérimentation sur l’allumage des feux de croisement le jour lancée en octobre dernier illustre parfaitement cette absence totale d’ajustement entre ces différents paramètres.

On ne peut, dès lors, qu’être inquiet de l’avenir.

Car si la paranoïa de se faire flasher à 73 km/h au lieu de 70 est peut-être légèrement exagérée, il est des phénomènes qui, eux au contraire, sont bien réels et posent de vraies interrogations.

Que faire face, aujourd’hui, à l’explosion des conduites sans permis ou sans assurance ? Comment réagir face à des comportements dangereux et des manœuvres imprudentes engendrés directement par cette « peur du gendarme » qui empêche de rouler avec sérénité, et dont les « dommages collatéraux » sont sans cesse plus visibles ?

Quand le moindre dépassement est mal vécu, quand l’autoroute devient un supplice pour les nerfs, quand ce n’est plus la route et les véhiculent qui nous précèdent que nous regardons mais notre compteur de vitesse, alors circuler devient, effectivement, une activité humaine très risquée.

C’est pour toutes ces raisons que les Motards Citoyens que nous sommes doivent continuer d’être en Colère contre des choix de politique publique qui nous paraissent aller à l’encontre de la sécurité des usagers et en particulier de celle des plus vulnérables d’entre eux.