La FFCT, Fédération française de cyclotourisme, s’inquiète et interroge le Ministère des Transports

OBJET : Rouler avec les codes allumés dans la journée
(Votre Réf : CCY/D/04009156/MB)

Monsieur le Chef Adjoint de Cabinet,

Nous vous remercions pour votre lettre du 21 septembre 2004 concernant le projet d’utiliser les feux de croisement le jour.
Malheureusement elle ne répond pas vraiment à nos questions. Cela nous intéresse toujours de connaître vos prévisions précises dans les domaines suivants :
1. L’accidentologie des usagers vulnérables
2. L’évolution de la vitesse des automobiles
3. La pollution et la production des gaz à effet de serre

Nous tenons également à répondre à certains arguments évoqués dans votre lettre :

1. L’expérience des autres pays
Les pays que vous citez sont très différents du nôtre, mais si les études de leur expérience avec les codes de jour montraient de réels avantages pour les cyclistes nous serions les premiers à demander l’application de ce système en France. Malheureusement ce n’est pas le cas. La Commission Européenne a effectivement demandé des études mais les résultats ne sont pas concluants, même pour les automobilistes.

Par contre, les autres pays ont des idées qu’il nous paraît urgent d’adopter ici :
- En Amérique du Nord il y a des bandes de sécurité presque partout
- Le Danois ont créé un réseau cyclable de grande qualité (nous avons un gros retard dans ce domaine)
- Les Scandinaves sont courtois envers les cyclistes
- Les Italiens créent des ZTL (zones à trafic limité) très étendues, ce qui a entraîné une hausse spectaculaire du nombre de cyclistes en ville

Nous tenons à vous signaler que les codes de jour ne sont pas obligatoires en Suisse. C’est certainement la première fois qu’on cite la Hongrie, la Pologne et la Slovénie en matière de sécurité routière, il faudra leur dire, ils seront contents.

2. « Les cyclistes seront mieux vus »
Malheureusement, les cyclistes ne seront pas plus visibles. Les catadioptres et les matières réflectorisantes n’y changent rien. Allumez vos codes en plein jour et regardez les surfaces réflectorisantes des panneaux de signalisation. Vous ne verrez aucune différence. Il en est de même pour les catadioptres d’un vélo.
Tout le problème des codes de jour, c’est qu’ils attirent l’attention vers les automobiles sans éclairer les usagers vulnérables. Pour les cyclistes qui roulent de jour, notre fédération conseille des vêtements fluos plutôt que des bandes de Scotchlite. Cependant, le fluo est beaucoup moins visible que les codes.

3. Les feux dédiés pour réduire la pollution
La pollution va donc augmenter, malgré les 17,000 décès anticipés chaque année (selon le livre de Philippe Douste-Blazy, « La ville à bout de souffle »). Vous espérez sauver quelques centaines d’automobilistes, finalement c’est très peu. Tous les jours, les cyclistes sont en contact direct avec la pollution, nous espérons des mesures pour réduire celle-ci… et de réels efforts d’éducation et de sensibilisation pour améliorer le respect des usagers vulnérables.

En vous remerciant d’avance, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Chef Adjoint de Cabinet, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Steve Jackson, Délégué Sécurité Régional
Membre de la Commission Sécurité Nationale FFCT

P.-S.

Voir en ligne : Fédération française de cyclotourisme