Lettre au père Noël

Cette année, c’est promis je vais faire un effort car l’an dernier cela s’est mal passé. Certes, c’était un peu de ma faute : mes pauvres bottes, je les avais jetées toutes crottées au pied du sapin, juste devant la cheminée. Je pensais que le père Noël était au dessus de ces contingences et qu’il lirait malgré tout ma lettre avec la plus grande attention. Eh bien non !

Donc cette année mes bottes, je les astique. Si avec tant de prévenance, il ne lit pas le petit mot que je lui adresse. je rends mon tablier. Mon petit mot, c’est vite dit, ma lettre, elle fait au moins quatre pages. J’ai sorti ma belle plume des grands jours car c’est important ce que j’ai à lui demander.

Pour qu’il n’oublie rien et surtout pour qu’il ne se trompe pas, (il est comme beaucoup de gens, le Père Noël, il croit bien faire, pour le bien de tous, et, il faut bien le reconnaître, des fois il n’y connaît rien du tout), j’ai donc commencé par lui indiquer ce dont je ne voulais pas. Un peu comme un inventaire à la Prévert :

- Pas de gilet fluo obligatoire (pourquoi pas des plumes ?)
- Pas de plaques à l’avant de ma moto
- Pas d’équipement réglementaire obligatoire
- Pas de contrôle technique
- Pas de permis à point pour les minots
- Pas le Père Fouettard à la Sécurité Routière

Pour ce que je voulais, c’était à la fois beaucoup plus facile et à la fois beaucoup plus difficile. Ce sont des choses simples, frappées au coin du bon sens. Il fallait que je lui explique que, si je lui demandais tout cela, ce n’était pas pour faire de la provocation ni pour le défier. Non ce que je désirais, c’est qu’il m’apporte ce dont je rêve pour faire de la moto d’une façon simple, responsable, agréable.

Par exemple comment lui expliquer que, par moment, j’aime bien rouler le nez à l’air et que j’aurais besoin d’un casque qui me protège sans m’enfermer ? Comment lui faire comprendre que par moment j’ai envie, quand je vais dans les grandes villes, de ne pas grenouiller sur les périphériques derrière des voitures presqu’à l’arrêt ? Tout cela m’a pris beaucoup de temps. Car il a fallu tout reprendre à la base. Lui n’a jamais roulé à moto. Le personnel qui l’entoure, guère plus.

Des copains qui connaissent bien tout cela m’ont aidé. Nous avons lu et relu nos textes, rien oublié de tout ce que nous avons appris par la pratique de notre passion. Il fallait être pédagogues et en même temps fermes pour bien se faire comprendre. Il a si vite fait de retomber dans ses vieilles habitudes. Bien sûr je lui ai aussi rappelé que ma moto me coûtait déjà cher à faire rouler et que du carburant moins sottement taxé m’irait très bien. J’ai pas d’alternative, moi.

Quand je relis ma belle lettre, j’ai vraiment le sentiment de ne rien avoir omis dans mes demandes. J’ai bien sûr fait une petite suggestion pour qu’il donne du temps libre à tous mes copains, afin qu’ils roulent plus mais aussi qu’ils aident ceux qui rencontrent le Père Noël et qui passent des heures et des heures à lui envoyer des messages, des communiqués, des argumentaires.

Finalement je lui ai posté suffisamment tôt pour qu’il ait le temps de bien la lire, ma lettre. Et comme je suis un peu inquiet, il est si vieux, si loin de la moto avec son traineau, j’ai fait un double de ma lettre et je l’ai envoyé, à la FFMC. C’est certainement plus fiable. Avec la FFMC, notre cause a son meilleur défenseur depuis trente ans, c’est prouvé. Et il le sait, le Père Noël.

Serge