Fichier EDVIGE : Souriez, vous êtes fichés !

Alors que la période de vacances commence à peine, le Gouvernement, sous l’égide de la Ministre de l’Intérieur, vient de publier au Journal Officiel* un décret** portant sur la mise en place d’un fichier de traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale). Remplaçant annoncé de feu ARDOISE, fichier lui-même retiré en avril dernier par Mme Alliot-Marie sous la pression populaire car particulièrement inquisiteur, il n’en demeure pas moins un nouvel outil de fichage policier dangereux.
Issu de la fusion des deux services liés à la sûreté nationale - Renseignements Généraux (RG) et Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) - en une seule Direction Centrale de la Sécurité Publique (DCSP), EDVIGE, dont le décret a été rendu public à la demande de la CNIL (c’est dire !), permettra de connaître de nombreuses informations sur notre vie privée en vue d’informer le Gouvernement ou les représentants de l’Etat sur l’ensemble du territoire.
Adresses, numéros de téléphone, immatriculation des véhicules, informations fiscales ou patrimoniales, déplacements et antécédents judiciaires, données relatives à l’environnement de la personne, signes physiques ou particuliers (?) pourront ainsi être collectés puis consultés par la police, la gendarmerie ou le personnel de la DCSP, sans aucune traçabilité effective de la consultation ! Et ce pour tout citoyen dès l’âge de 13 ans, au titre d’une des justifications du bien-fondé de ce fichier qu’est la susceptibilité de porter atteinte à l’ordre public !
La CNIL, consultée comme il se doit sur ce type de fichier, a rendu son avis le 16 juin dernier avec de nombreuses réserves, mais toutes n’ont pas été retenues.
Comme tout citoyen soucieux de préserver sa vie privée, ses déplacements, ses affinités ou sa vie sexuelle, la FFMC, dénonce ce qui s’apparente à une violation du droit au respect de la vie privée, au titre d’une présupposée menace à l’ordre public. Les nombreux adhérents qui la composent, appelés à dénoncer régulièrement les incuries ou les incompétences des pouvoirs publics en terme de sécurité routière ou autres ne souhaitent pas se retrouver fichés à la suite d’une manifestation ou tout simplement en tant qu’adhérent à une association de défense des droits de citoyens motard. Nous dénonçons ce « toujours plus » de contrôles, de mises en fiches de données personnelles, de surveillance automatique à des fins scandaleusement obscures.
Nous savons ce qu’il est advenu du Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG), initialement réservé aux criminels sexuels : aujourd’hui, une simple manifestation mouvementée peut engendrer une prise de sang, de même qu’un simple délit mineur ou une détention provisoire (Loi de Sécurité Intérieure, 2003).
Ne nous trompons pas, seule une mobilisation citoyenne forte fera reculer cette conception d’une société gérée comme un Etat policier, où l’individu aura perdu son droit à la différence, sa propre identité, et en fin de compte, son existence.
La FFMC s’associe donc pleinement à toutes celles et tous ceux qui s’élèvent contre cette nouvelle atteinte à nos libertés individuelles et se mobilisent contre ces fichiers policiers liberticides.

Pour soutenir le collectif "Non à Edvige" et signer la pétition, rendez vous sur http://nonaedvige.ras.eu.org/

Pour le Bureau National de la FFMC
La coordinatrice,
France Wolf

* : J.O.R.F. N° 152 du 1er juillet 2008
** : Décret N° 2008-632 du 27 juin 2008 NOR : IOCC0815681D