Borloo et la Sécurité Routière : Un certain manque d’imagination

La FFMC s’en doutait depuis 2 semaines : Les usagers de 2-roues motorisés (2RM) seraient encore une fois les grands responsables du bilan mitigé que la DSCR affiche pour 2007 dans son communiqué du 18 juin 2008. Déjà, lors de son émission "Ils font bouger la France" du 4 juin, sur France 2, Madame Béatrice Schönberg, autrement dit Madame Borloo, a expliqué, en toute indépendance naturellement, que les comportements des usagers des 2RM étaient hautement irresponsables.

Et de fait, la même rengaine est ici resservie par son ministre de mari : "Si tous les conducteurs de motocyclette respectaient les règles en matière d’alcool et de vitesse, 50 % des accidents dans lesquels ils sont impliqués auraient pu être évités". Et la DSCR de constater à nouveau que, "alors qu’ils représentent 1,1 % du trafic en France, les motocyclistes comptabilisent 18 % des personnes tuées sur les routes, soit 830 personnes". Autrement dit, les motards sont les seuls responsables de leurs déboires. Il est vrai que la Sécurité Routière reconnait aussi l’impressionnante augmentation du parc des 2RM, ces dernières années, qui relativise grandement ces chiffres.

Les Français seront rassurés d’apprendre que leur sécurité sur les routes est garantie par leur simple respect des règles justifiant, bien entendu, une répression qui semble néanmoins atteindre ses limites. Pourtant, 2 accidents sur 3 de moto avec une voiture sont le fait du conducteur de cette dernière. Et quand le bilan 2007 de l’ONISR estime sans rire que seuls 87% des motards mettent leur casque sur autoroutes (donc que plus 1 sur 10 ne le mettrait pas sur ce réseau), on est en droit de s’interroger sur la vraisemblance de ces chiffres basés sur des sondages peu représentatifs. Alors, à l’heure du gilet jaune réfléchissant on peut regretter que, dans cette façon de traiter la Sécurité Routière, il semble n’y avoir guère que le gilet qui réfléchisse.

Pour la FFMC, en oubliant que les usagers de 2RM ne disposent pas de carrosserie et que la collecte des informations relatives aux accidents les concernant est encore trop souvent sujette à caution en raison de nombreuses erreurs et de préjugés défavorables, la DSCR passe encore une fois à côté du problème. Le partage de la route concerne tous les usagers, pas seulement les motards. Changer les comportements des uns et des autres est bien sûr une nécessité mais ceci ne pourra être obtenu que grâce à de véritables campagnes de sensibilisation et de prévention, par la responsabilisation et non par le doigt accusateur pointé sur telle ou telle catégorie d’usagers. L’amélioration de la mortalité sur nos routes passe également par une sensibilisation des citoyens dès leur plus jeune âge, au travers d’un continuum éducatif, c’est à dire par un travail de fond sur l’avenir. C’est aussi dans cette voie que la FFMC et son Mouvement se sont résolument engagés depuis 30 ans et qu’ils continueront d’œuvrer .