SAPRR déboutée, droit de manifester préservé

Suite à une succession d’opérations de verbalisation réprimant la remontée de files, l’antenne parisienne de la FFMC a appelé à une manifestation sur l’esplanade du château de Vincennes le 27 août 2005. _ A l’issue de ce rassemblement, quelques centaines de motards ont décidé de rejoindre le péage de Fleury en Bière pour distribuer des tracts aux automobilistes revenant de vacances. L’encombrement généré a contraint la société gestionnaire de l’autoroute à lever les barrières de péage, permettant ainsi aux usagers de passer gratuitement.
La société des autoroutes Paris Rhin Rhône (SAPRR) s’est ensuite retournée contre la FFMC pour obtenir réparation de son préjudice financier, qu’elle estimait à 40 000 €.
Le 03 avril 2007, le Tribunal de Grande Instance de Melun a rejeté la demande de la SAPRR et a condamné cette dernière à verser 1500 € à la FFMC.

Après avoir écarté toute faute personnelle de l’association, le tribunal a confirmé que la FFMC ne saurait être tenue pour responsable des fautes commises par les manifestants, dans la mesure où elle n’avait aucune autorité sur eux. En effet, si la fédération met en place un service d’ordre et dispense des consignes de modération et de sécurité lorsqu’elle organise des manifestations, elle n’a aucun pouvoir sur les motards qui y participent, lesquels ne sont d’ailleurs pas tous adhérents de l’association.
Cette affaire illustre à elle seule les dérives judiciaires de la société actuelle et nous interpelle sur l’avenir du militantisme en France. La FFMC déplore de plus en plus de poursuites tant civiles que pénales en représailles de ses actions collectives. Il est toutefois rassurant de voir que l’autorité judiciaire préserve les libertés publiques et garantit le droit fondamental de manifester.
Cette décision opte pour la responsabilisation de chacun. Si les associations sont responsables des fautes commises par leurs représentants ou des dysfonctionnements quant à l’organisation d’un évènement, les manifestants demeurent responsables de leurs propres comportements.
La SAPRR ayant décidé de faire appel, espérons que ce jugement sera confirmé en seconde instance.